Benjamin Thouard, photographe professionnel
A seulement 26 ans, Benjamin a déjà shooté tout ce que la planète glisse compte d’étoiles, de Laird Hamilton à Kai Lenny, en passant par Jérémie Eloy ou Ian Alldrege. Son amour inconditionnel de la mer et de la photo l’ont mené très tôt sur les plus beaux spots du globe. Tandis que son œil et sa « patte » uniques ont bien vite convaincu les plus grandes marques et magazines de faire appel à son talent.
Son leitmotiv ? Trouver de nouveaux angles et aller au plus près de la vague. Ce qui n’est pas sans risque, comme en atteste malheureusement son récent accident sur la vague de Teahupoo (Tahiti). Une grosse galère qui ne l’a pas empêché de nous répondre avec sincérité et enthousiasme. Autant de qualités qui lui valent aujourd’hui d’être soutenu dans sa mésaventure par le monde la glisse et qui lui permettront sans nul doute de retravailler rapidement… et de continuer à nous faire rêver à travers ses clichés !
Originaire de : Toulon (France)
Habite : Tahiti depuis 2008
Situation maritale : marié et père d’une petite fille de 4 mois
Points particuliers : membre du collectif Sea&Co
TON PARCOURS
En découvrant tes photos, on devine facilement ta passion pour la mer et la glisse en général. Peux-tu nous en dire deux mots ?
Effectivement, j’ai toujours été passionné par l’océan et les sports de glisse. J’ai grandi sur la côte toulonnaise dans une famille tournée vers la mer avec un père voileux et des grands frères mordus de surf. Un environnement propice qui m’a poussé à me mettre au surf à l’âge de 10 ans puis au windsurf à l’âge de 15 ans.
Comment es-tu venu à la photographie ?
Je suis tombé un jour sur un vieux Minolta qui traînait dans le grenier de mes parents. J’avais 16 ans. C’est comme ça que l’aventure a débuté ! J’ai très vite été attiré par les photos de sports aquatiques et pris pour habitude de shooter mes amis surfers et windsurfers. Puis j’ai rapidement décidé d’en faire mon métier.
Comment as-tu appris ?
Tout seul au début puis aux Beaux Arts. Je suis ensuite monté à Paris pour étudier à l’école Icart Photo qui dure trois ans… mais au bout d’un an et demi, l’appel de la mer a été plus fort que tout !
A 19 ans, j’ai donc cassé ma tirelire et pris un billet pour Hawaïi. Je suis arrivé là-bas avec mon sac à dos photo, quelques dollars en poche et un numéro de téléphone pour trouver un toit la première nuit. Muni de mon premier caisson étanche que j’avais fabriqué tout seul, j’ai passé 3 mois dans l’eau à nager sur le fameux spot d’Hookipa sur l’île de Maui.
Depuis, je ne me suis jamais arrêté ! J’ai continué à shooter ces spots qui me feront toujours rêver et voyager ! J’habite aujourd’hui sur l’île de Tahiti, à deux pas de la fameuse vague de Teahupoo, et j’en ai fait mon lieu de travail.
Quels sont tes photographes de référence ?
Le photographe Bernard Biancotto, que j’ai assisté pendant plusieurs années, m’a énormément appris. Il m’a véritablement pris sous son aile et lancé dans le métier. Une chose que je n’oublierai jamais !
TON TRAVAIL DE PHOTOGRAPHE
Comment définirais-tu ton style ?
Je ne sais pas trop… Difficile à dire pour soi-même ! Mais je dirais que j’essaie toujours de trouver un nouvel angle.
Tes spécialités et ta manière de travailler ?
Je me suis spécialisé dans la prise de vue aquatique ! J’adore nager et ca me fait participer à la session :) Je mets mon appareil dans un caisson étanche et pars nager au coeur des vagues pour obtenir des angles inédits.
Depuis 3 ans, j ai découvert le paramoteur qui m a permis de prendre de l’altitude et de réaliser quelques images aériennes. Encore une fois avec des angles nouveaux (à découvrir plus loin dans l’interview : le making off du film Oxbow Trip tourné avec Manu Bouvet et Carine Camboulives. Une vidéo dans laquelle Benjamin Thouard nous emmène dans les coulisses de ce reportage).
Quelles sont les prises de vue les plus risquées ?
Les prises de vues proches des vagues. Que ce soit en bateau ou à la nage, dès qu’on a des appareils électroniques en main et qu’on fleurte avec l’eau, c’est chaud ! Mais c’est notre métier donc on doit faire avec en permanence.
Ta plus grosse galère ?
Il n’y a pas plus tard que deux semaines, en shootant à Teahupoo… Je me suis fait renverser par une vague et suis parti à l’eau avec mon matériel. Il y en avait pour plus de 20 000 euros ! J’ai quasiment perdu l’intégralité de mon matos et dois donc tout racheter pour pouvoir retravailler.
J’en profite d’ailleurs pour remercier la formidable chaîne de solidarité qui s’est crée sur le net pour me venir en aide. De nombreux amis et internautes ont relayé ma galère sur les réseaux sociaux et m’ont permis d’enregistrer plus de 50 000 visiteurs sur mon site ces derniers jours. Ceux qui le pouvaient ont également acheté des photos via ma boutique en ligne. Je remercie donc toutes les personnes qui m’ont exprimé leur soutien depuis les quatre coins du globe.
Ton matériel ?
CANON depuis le début. Jusqu’à mon accident, j’avais un CANON EOS 1DX, 1D mark IV avec les objectifs allant du fish-eye au 500mm.
Ton/ tes meilleurs souvenirs de reportage ?
Un trip que nous avons fait l’année dernière aux Tuamotu, en Polynésie française avec Manu Bouvet, Carine Camboulives et Ian Alldrege. J’y ai emmené mon paramoteur et fait des images aériennes extraordinaires. Les conditions météo ont toutes été au rendez-vous et ont atteint la perfection !
Par chance, nous étions la pour en profiter et scorer ces images inédites. Notamment cette image de Manu Bouvet en SUP sur une vague où l’on voit un requin en transparence !
Voici d’ailleurs le making off de ce trip et de ses coulisses par Ben Thouard :
LA PHOTO DE KITE
Quand as-tu démarré la photo de kite ?
A Maui avec Jérémie Eloy, durant mon trip a Hawaii en février 2006.
Quelle est sa principale difficulté ?
Faire apparaître le rider, la vague et le kite dans une même image, sans que tout ne paraisse pas être à 10 kilomètres. Ca peut sembler simple mais il est en fait très difficile d’obtenir la bonne perspective. Sans parler du fait que le rider doit réussir à 100% son move, dans le bon timing avec le photographe. Tout un challenge !
En quoi te paraît-elle particulièrement intéressante ?
Je ne suis pas le seul à faire l’image, on est deux ! Shooter du kite est un vrai travail d’équipe entre le photographe et le kiter ! Et encore une fois, j’adore shooter à la nage !
Quelle et la série dont tu es le plus fier ou celle que tu as pris le plus plaisir à réaliser ?
Probablement ce shoot avec Jérémie Eloy à Teahupoo l’année dernière ! Nous avons eu de belles conditions de vagues puis nous avons réalisé de magnifiques images de kite au dessus des requins! Ces photos ont fait l’objet de nombreuses couvertures et double pages dans la presse.
Meilleur souvenir de shooting en kite ?
Teahupoo et Moorea avec les requins.
Des affinités particulières avec des kiters du circuit et/ou une marque de l’univers kite ?
J’ai beaucoup voyagé avec Jérémie Eloy avec qui je suis devenu ami. Je le respecte énormément et je lui dois beaucoup aussi car il m’a très souvent rendu service. C’est un travailleur acharné qui se donne à fond. J’adore shooter avec lui, c’est vraiment agréable.
TON RAPPORT AU KITE
Pratiques-tu le kite ?
Ca peut paraître honteux mais je ne pratique pas le kite :) Pourtant j’en rêve ! Mais entre le boulot, le windsurf et le surf, je n’ai jamais trouvé le temps de m’y mettre. Je n’ai pu essayer que deux fois…
Qu’est-ce qui te plaît dans ce sport ?
La façon de jouer avec le vent et un cerf-volant, c’est fascinant !
Ton spot de kite préféré en Polynésie ?
A Moorea : Les Tipanier. Un spot de freeride aux couleurs exceptionnelles.
Ta plage préférée pour passer la journée en famille ?
La même :)
Site officiel de Ben Thouard : www.benthouard.com
Accès direct à sa boutique en ligne qui contient 160 images dans différents formats